Guylan Seft

Quelques mots à mon sujet:

Je suis né dans une petite ville du Bas-du-Fleuve, quelque part au Québec. Sixième d’une famille modeste de sept enfants, j’étais, il me semble, relativement tranquille et assez timide. Au bout de mon quartier, il y avait un champ où nous allions glisser en hiver ou marcher dans les herbes hautes en été. C’était un lieu de rassemblement et d’exploration.

Pendant les soirs d’été, j’aimais m’arrêter pour contempler les étoiles du ciel. Elles m’interpellaient, comme un appel à découvrir plus grand que mon univers d’enfant, comme lorsque nous sommes attirés par quelque chose qui nous semble précieux et beau. Jeune, je rêvais de devenir astronome et de passer ma vie à scruter le cosmos pour tenter d’en percer les mystères.

Rien dans mon entourage ne semblait me disposer à jouer de la musique. Un oncle jouait de la guitare d’accompagnement… Parfois aussi un vieil homme semblant surgi d’une autre époque jouait de la guitare et de l’accordéon; il jouait de la musique traditionnelle lors de fêtes. Dans l’ensemble, rien pour susciter chez moi un désir authentique de la musique. Les étoiles étaient beaucoup plus belles que les bruits de ce monde!

À l’école, on jouait de la flûte. Dès le début, j’aimais composer quelques airs simples comme peuvent le faire les enfants. Voilà que déjà, j’aimais cet appel du lointain qu’il me semblait percevoir dans les sons de mon instrument.

C’est à mon adolescence que j’ai découvert la guitare. Toujours ce goût d’explorer les sons dans des compositions au début très simples et qui se raffinaient à mesure que je pouvais mieux jouer. Il me semblait que la musique avait quelque chose de neuf à dire, quelque chose qui n’a jamais encore été exprimé. Bien sûr, je jouais mes pièces préférées d’artistes que j’écoutais, mais ce qui m’attirait par dessus tout était d’explorer cet univers qui devenait de plus en plus le mien.

Je n’ai jamais rêvé de gloire ou de popularité. Si, dans ma jeunesse, il m’est arrivé de m’imaginer sur scène, je me voyais dire au monde quelque chose de l’ordre de l’essentiel. La musique était le moyen de porter un message qui pouvait frapper en nous la zone où tout est vrai, où tout peut se pacifier. C’était une intuition…

Dans la vie, il y a parfois de longs détours. C’est le cas de la mienne: de longs détours, mais toujours un fil conducteur… comme une boussole sur ma route; comme une bienveillance qui m’a accompagné partout là où j’ai pu aller.

Mon chemin peu défini m’a conduit à l’Université en musique où j’ai découvert des joyaux de l’art humain. Ma musique est née dans un creuset de trésors et de détours. Elle est le fruit d’une longue gestation. Elle n’est pas extérieure à moi-même, elle est plutôt un reflet assez juste de qui je suis. Il me semble qu’elle tend vers quelque chose de plus grand que moi. Elle est comme l’écho d’un souvenir ténu au fond de mon être, comme l’écho d’un ailleurs qui ressemble à la maison, peut-être aussi l’écho d’une bienveillance qui n’a de cesse de nous chercher jusqu’à ce qu’elle nous ait trouvés.

Ce qui est précieux dans ma vie, ce sont les rencontres authentiques. Chaque fois que je parviens à des moments vrais et signifiants avec l’autre, chaque fois que j’arrive à communier au cœur de l’autre, je me sens vivant! Ma musique est un moyen privilégié pour susciter ces moments. J’espère qu’elle arrivera à toucher chez vous cet endroit où nous nous sentons vivants! G.S.